Après 4 semaines passées au Cambodge, ma première impression
qui était d’être arrivé sur une autre planète s’est révélée tout à fait
justifiée tout au long de ce voyage. Il y a tant de choses différentes ici dans
ce pays du tiers monde, que je ne sais par où commencer. Je pourrais écrire un
livre complet je crois, mais je vais me contenter de vous parler de quelques
anecdotes et de vous partager quelques réflexions. Effectivement, cet
environnement est propice aux réflexions personnelles, on ne peut rester indifférent
à leur histoire récente et à la « pauvreté » que l’on voit à tous les
jours, partout. Mais aussi, ce sont les gens les plus authentiques et les plus
accueillants que j’ai rencontrés de tous mes voyages jusqu’à maintenant. Donc, il
y a du très beau et du très difficile à la fois.
Un peu d’histoire et de mises en contexte s’impose pour comprendre.
Je n’entrerai pas dans les détails car vous pouvez lire tout ça sur Wikipédia.
Mais quand même, il faut savoir que le quart des cambodgiens sont morts exécutés
ou de famine à la fin des années 70 lors du génocide perpétré par les Khmer
Rouge et la psychose de Pol Pot leur leader. Ce dernier voulait appliquer une
théorie de « pure » communiste où les travailleurs des campagnes
seraient la base. Les gens ont été forcés d’évacuer les villes pour faire du
travail forcé en campagne et beaucoup d’intellectuels, des enseignants,
ingénieurs, infirmières, etc.,
ont péris.
Au final, le quart de la population y a passé en moins de quatre années!!!
À la capitale de Phnom Penh, on peut visiter la prison S-21
où des milliers de personnes ont été torturées. Le lieux est tel qu’il a été
découvert, cadavres en moins, et avec beaucoup de photos avant-après tortures
ainsi que le matériel utilisé. Ça vous fait voir le côté le plus sombre dont
l’humain est capable. Ma visite s’est ensuite poursuivie au champ d’exécution
(les « killing fields ») et fausses communes. Encore là, ce qui y est
décrit est horrible. Imaginez cette scène… la musique révolutionnaire à
tue-tête (pour camoufler les cris agonisants) ainsi que le bruit de la
génératrice fut les derniers sons que les enfants ont entendues avant d’avoir
la tête fracassée sur un arbre et jeter dans la fosse. Cet arbre est toujours
là… ont s’y recueille un instant.
Saviez-vous que certains pays de l’ouest ont financé et aidé
les Khmer Rouges longtemps après qu’ils aient été chassés du pouvoir par les
Vietnamiens communistes en 1979? Incroyable non!!? Nous leur avons même donné
un siège à l’ONU jusqu’en 1993 et nous avons considéré la coalition rebelle
comme seule représentante légitime du Cambodge!!! Et ce tout en sachant les
pires atrocités qu’ils ont commis!!! Tout cela car l’orgueil avait été durement
touché suite à la défaite de l’ouest avec le Vietnam communiste!!! Non mais
c’est révoltant. Et ceci n’est qu’un triste exemple des politiques
interventionnistes internationales pratiquées par certains pays
« développées » de l’ouest. Je vous avoue que j’ai vraiment eu envie
de vomir. Maintenant il y a de l’aide internationale et le procès pour génocide
est en cours depuis 2007.
Dans ce champ d’exécution que j’ai visité, plusieurs fosses
sont encore intacts et les corps y reposent toujours. Autour de ce site, juste
à côté de la clôture, la vie continue. Voici une photo d’une paysanne cultivant
le riz que j’ai prise depuis l’intérieur du site.
Au-delà des fosses, la vie a repris son cours. Quelle
résilience!
Aussi, 90% des artistes ont été éliminés.
Il y a seulement quelques années, quelques
survivants ont repris le flambeau et enseigné aux plus jeunes la culture et les
arts. Au musé nationale de la capitale, j’y ai vu un très beau spectacle
mettant en scène les coutumes traditionnelles avec musiciens et acteurs. Ce fût
très inspirant de voir un tel spectacle sachant ce passé difficile très récent,
tout un accomplissement pour eux et quelle résilience!
Comme je disais plus tôt, ce sont les gens les plus
accueillants et authentiques que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant. Que ce
soit à vélo, en scooter ou en kayak, les gens vous sourient et les enfants s’empressent
de vous dire « hello ! ». On sent l’authenticité car ce ne sont pas
des travailleurs du tourismes dans ces campagnes mais bien des paysans, soit 85%
de la population du Cambodge qui dépendant des moyens du bord et d’agriculture
à petite échelle pour manger et survivre. Des moments magiques se produisent si
vous prenez votre temps lors de votre ballade. Cette cours d’école qui se vide
pour venir vous voir ou ces enfants qui nagent vers vous lors d’une ballade en
kayak sont de très beaux souvenirs que je garderai longtemps. J’ai demandé à
plusieurs reprises à des locaux pourquoi spontanément ils nous sourient, et je
n’ai pas eu de réponse autre que celle-ci, soit qu’ils sont simplement contents
de savoir que des étrangers s’intéressent à eux, qu’ils viennent dans leur
pays. J’ai passé du temps à faire certaines activités parmi les locaux, comme
d’aller me baigner dans le lac cratère Boeng Yeak Lom à Ratanakari, et
plusieurs adultes nous disent en passant spontanément « welcome to
Cambodia! ». J’imagine que ce sera ainsi tant qu’il n’y aura pas trop de
tourisme. Je me demande si nos ancêtres disaient la même chose à la rare
personne d’une « minorité visible » qui débarquait dans leur village?
Par contre, un comportement que je ne m’explique pas est en
rapport avec les déchets. On prend l’autobus pour se rendre d’une ville à
l’autre et lors de l’arrêt toilette, les locaux débarquant de l’autobus laissent
tomber leur bouteilles vides. À plusieurs reprise j’ai vu des adultes et même
des enfants simplement balancer leur déchet de l’autre côté de route. Sous un pont où passe une petite rivière j'y ai vu une embacle de cochonneries. Les
déchets sont partout!
Au moins les poubelles, quand il y en a, elles sont fait de produits ré-utilisés à 100%
Oui, ce sont de vieux pneus qu'on assemble avec des vis.
Quand on mange, on jette tout par terre...
Après des heures et des heures de films de kong fu, mon autobus fait enfin une arrêt.
Ne craignez pas, le divertissement se poursuivra avec le karaoke à tue tête!
Chemin typique pour aller aux toilettes...
Une tite soupe avant le départ du bus?
Quand on circule en ville, les bonnes odeurs de BBQ roulant alternent
avec des odeurs de charognes des déchets qui trainent. C’est malheureusement
une des choses que je retiens de la capitale, où j’ai dû patienter plusieurs
jours en attendant mon visa pour le Vietnam. Cette capitale est une ville très
sale, les déchets sont partout, avec le bruit omniprésent de la circulation
chaotique, des klaxons et d’une température de plus de 35 degrés, disons que
les ballades ne sont pas particulièrement agréables. Par contre, la vie ici est
tellement différente, qu’en faisant abstraction de cela, on découvre un univers
fascinant. Voici en photo quelques tranches de vie urbaines!
Une rue typique, celle de mon hôtel.
Tout le monde se côtoient sur la rue.
Circulation chaotique, souvent il n'y a pas de feux de circulation, alors
tout s'emboîte tranquillement à la perfection comme une danse.
Petit commerce à vendre quelques fruits, observé par un congénère à moto!
Tout se fait sur le trottoire (c'est pourquoi souvent on marche dans la rue).
Ici en premier plan, la réparation de moteurs parterre et
en arrière, un authentique salon de coiffure.
On y construit aussi toute sorte de choses. Les secrets industriels n'existent pas!
Je ne sais pas pourquoi mais une centaine de pains frais gisent là devant la boulangerie.
Cafétéria de trottoire!
Comment maximiser les pieds carrés, utiliser des tables et chaises pour enfants!
Scène de parcs au bord de la rivière.
Un enfant qui transige avec un autre enfant.
Ici on ne joue pas à vendre de la limonade, c'est la vraie vie.
La capitale est située à la rencontre de 2 rivières dont le fameux Mékong.
Palais royal au coucher du soleil et la rue pleine à craquée.
Le spectacle dont je vous parlais.
Un ti-truc, quand la canne beignait dans une glacière douteuse, un ti-peu
de gel désinfectant ça peut pas faire de tort, parole de Mr. Prudent!!!
En bordure de la ville, sur le Mékong,
des Vietnamiens pêcheurs sans passeports se sont établies ici.
On vit dans son bateau avec la corde à linge à terre.
Je vous reviens avec d’autres articles beaucoup plus légers pour
vous décrire quelques unes de mes aventures au Cambodge de ces 4 dernières
semaines. Peut-être que ça vous donnera de bonnes idées pour vos prochains
voyages! En voici un avant goût!
En tournée à motocyclette, ce qui vous attend au détour!