mardi 8 avril 2014

Entrer au Vietnam par la porte d'en arrière!

Je prends le temps de vous décrire mon entrée au Vietnam qui s’est faite par la porte d’en arrière directement dans l’arrière pays. Contrairement à mon habitude d’arriver par avion dans une grande ville, j’ai traversé la frontière à pied depuis le Cambodge et je suis  arrivé dans les montagnes du centre sud du Vietnam. Pas eu besoin d’attendre, le dépaysement fût instantané! Voici quelques anecdotes qui vous donnerons une petite idée du genre de péripéties qui vous attendent si vous décidez  de voyager en routard dans des endroits moins fréquentés par les touristes.

L’objectif ultime de la journée : se rendre à la petite ville de Kon Tum (pour y visiter des villages traditionnels agricoles d’une minorité ethnique locale) et se trouver un hôtel avant qu’il fasse noir. Depuis le Cambodge, on ne peut réserver un transport que pour la ville de Pleiku qui se trouve à environ 1 heure de Kon Tum.

La veille, comme à l’habitude, j’ai revérifié avec mon hôtel que notre transport allait bien se pointer le lendemain matin à l’heure prévue, soit 8h00. On me dit qu’il vaut mieux être à la réception vers 7h30 au cas où il se pointe un peu avant. Finalement, la minivan est arrivée à 7h00 et il demandait avec mécontentement à la réception, pourquoi nous n’étions pas là! C’était le premier arrêt sur sa route. Finalement, comme je calcul mes affaires assez juste, mon sommeil étant très précieux, nous sommes bel et bien parti à 7h30. Et là, la tournée commence. On a fait le tour de notre petite ville pour paqueter la minivan au maximum de locaux et de marchandises pour le Vietnam.

Arrivé à la frontière, on doit débarquer pour faire tout le processus à pied. La première station est du côté cambodgien où on nous retire le visa. Ensuite on marche dans le « no mans land » entre les deux pays. À ce moment j’avais une petite inquiétude car nos valises étaient restées dans la minibus du côté cambodgien. Je voulais les prendre avec moi mais le chauffeur m’a fait signe que non. J’ai revérifié que c’était bien la procédure car je ne voulais pas qu’il se pousse avec nos valises! (Ne vous en faites pas, c’est mon côté parano qui se manifeste à l’occasion, on n’est jamais trop prudent!). Finalement, lorsque je suis arrivé du côté Vietnamien, la minivan nous avait suivis.

Au tour des procédures d’entrées, somme toute faciles lorsque votre visa est en règle. Encore plus facile pour mon amie de la Russie, pas besoin de visa! Entraide communiste oblige! Notre chauffeur débarque nos valises et les donne aux autorités pour les passer au scanner. De l’autre côté, officiellement rentré au Vietnam, je change tout ce que j’ai en devise locale, soit le (Ding et ;-) Dong vietnamiens. On rembarque dans notre minivan et on fait à peine 100 mètres pour ensuite changer de minivan pour poursuivre avec un chauffeur vietnamien. Le chauffeur cambodgien s’en retourne avec sa minivan au Cambodge. Je ne comprends pas pourquoi il a pu traversé ainsi mais c’est comme cela. Je m’attendais à devoir rouler ma valise moi-même jusqu’à l’autre minivan, mais bon c’est tant mieux!

Alors là, le vrai fun commence… le chauffeur vietnamien ne parle aucun mot d’anglais et j’ai des instructions à lui donner car nous n’allons pas au point d’arrêt habituel de la ville de Pleiku mais plutôt à la gare d’autobus local car nous voulons prendre le prochain bus publique pour Kon Tum pour la modique somme de 1$ au lieu d’un taxi qu’on aurait payé au moins 30$. Par chance, dans le guide de Lonely Planet, il y a une section sur les mots de base en vietnamien; ainsi j’ai appris mon premier mot, soit « station d’autobus ». On nous débarque effectivement à une « station d’autobus », mais après quelques minutes à chercher la billetterie, je dois me rendre à l’évidence, ce n’est pas la bonne station! Et personne ne parle anglais. Une personnes me harcelait depuis au moins 10 minutes pour m’offrir du transport privé et je m’efforçais de l’ignorer. C’est ce qu’il faut faire quand on veut prendre le bus car souvent ces gens vous charge un prix exorbitant alors que dans certains pays ça peut être carrément dangereux (comme les taxis pirates bien présents en Amérique Latine).

Comme le Vietnam est réputé être très sécuritaire, j’ai décidé de « converser » par langage des signes avec lui. Sans vouloir juger cette personne, il est intéressant de savoir qu’il arborait de nombreuses brûlures sur le bras, un t-shirt de KGB écrit en russe (déchiffré par mon amie!) et quelques tatous, tout pour inspirer confiance! J’étudie son offre paisiblement en faisant abstraction de son harcèlement constant. Je vais voir un gardien de sécurité et il me prend par le bras et me ramène à cette personne qui m’inspirait une grande confiance aveugle. Je me dis alors à moi-même que les chances sont assez minces qu’il y ait arnaque alors j’ai accepté son offre de transport qui me paraissait raisonnable pour 10$.

Encore là, nous étions les premiers à entrer dans la minivan. Après 15 minutes, toujours aucun signe d’un quelconque chauffeur, seuls à bords, personne à l’horizon, alors je commence à me dire que je me suis fait avoir… finalement le chauffeur se pointe 15 minutes plus tard. Et vous vous en doutez, on est reparti pour la grande tournée de la ville! Premier arrêt, une tonne de choux et autres légumes qu’ils mettent sur le toit et au travers de nos valises. Ensuite, on arrête à tous les coins de rues où il y a des locaux qui semblent attendre un transport pour leur demander s’ils vont dans cette direction et s’ils veulent embarquer. Après un moment, la minivan est pleine à craquée et nous sommes déjà bien cordés sur nos bancs. Question de rendre le trajet le plus profitable possible, une personne additionnelle viens s’ajoutée. Le chauffeur me demande que nous nous tassions un peu plus, et je lui fait signe que non. Il insiste. Je montre la largeur d’épaule et l’espace disponible, il rentre pas une livre de chaire de plus, je tiens ma position serrée! Il insiste encore, je suis intransigeant, il fait finalement monter cette personne à l’avant, ils sont rendus 3 sur le siège du passager!

En arrivant à Kon Tum, je repère les noms de rues (par chance au Vietnam ils sont bien indiqués) et demande d’arrêter à un endroit stratégique où il y a 3 hôtels recommandés par Lonely Planet. Ça facilite beaucoup les choses quand on voyage avec un(e) ami(e) car une personne peut garder les bagages pendant que l’autre fait la tourné à pied pour voir les chambres disponibles. Finalement, j’ai trouvé une très belle chambre avec air climatisée dans un petit hôtel tenue par une sympathique famille vietnamienne pour 10$ la nuit. Encore là, le langage des signes a dominé! Première mission accomplie!

Deuxième mission de la journée : réserver un guide pour une excursion dans les villages ethniques des montagnes avoisinantes pour le lendemain (nous devons repartir 2 jours plus tard avec l’avion déjà réservé, donc pas le choix!), soit la raison pour laquelle nous sommes venus dans ces contrés peu fréquentées par les touristes. Premier arrêt, un bureau de tourisme local. Là j’ai fait un saut quantique pour ce qui est du langage car le responsable m’a tendu son clavier d’ordinateur avec le traducteur google en ligne! Après quelques paragraphes échangés, j’ai finalement réalisé que je n’irai pas bien loin avec eux. De toute façon, ça prend un guide qui parle notre langue sinon je n’y comprendrai rien! Par chance, une bonne référence d’un organisme qui fait des tours dans la région est cité dans le guide de Lonely Planet. (J’ai quasiment l’impression que je fait une pub pour ce guide, mais vous avez compris, le but est de vous décrire le genre de défis avec lesquels on s’amuse et comment un tel guide peut vous venir en aide. Je dois dire que les guides Lonely Planet sont LA référence en la matière, je les adore!). Je vérifie sur google map, et leur bureau se situe à seulement 2 km de notre hôtel. Je téléphone (via quelques signes et le cellulaire de notre hôte) avant de se rendre pour ne pas y aller pour rien, et bingo, le responsable nous y attend.

À notre arrivé, le proprio est super sympathique, il nous explique les tours disponibles pour le lendemain. Finalement, la conversation qui s’enchaîne est très intéressante. J’en apprend sur les politiques communistes du pays, les gens du sud versus du nord, comment le Vietnam a rétabli le tir après 15 ans d’essais d’un modèle communiste théorique qui ne marchait pas (contrairement à Cuba qui a choisi de maintenir le cap et qui en paie le prix), des anecdotes vécues par lui, comme civil, durant la guerre où à un certain moment donné il voyait les soldats communistes camouflés d’un côté de sa maison et les Américains de l’autre et il espérait qu’ils ne se voient pas pour ne pas être pris entre les deux feux, ou à l’autre moment où il s’est réfugié sur un char d’assaut avant de se faire tirer dessus bar un bazooka et de perdre sa sœur dans ses bras. Mais quand même, il parait que les soldats des deux camps était gentils avec les civils, selon son expérience. Les soldats vietnamiens vous demandaient d’ôter vos chaussures, et selon l’usure de vos pieds ils pouvaient voir si vous portiez des bottes de soldats ou si vous étiez un civil. Comme il était un civil, les soldats lui donnèrent un peu de riz et le laissa partir.

Troisième mission de la journée : trouver quelque chose à manger car il se faisait tard et le déjeuner était rendu loin. Après quelques km de marche sur ce qui nous apparaissaient être les rues les plus propices à trouver un restaurant, nous étions bredouilles. Oui il y avait des kioskes de bouffe à tous les coins de rue mais j’en avais pas envie. Un bon spaghetti aurait bien fait mon affaire mais finalement, la faim a eu raison, nous nous y sommes résolus. D’ailleurs ici, pas (ou très peu) de touristes à l’horizon, la minorité ethnique et insolite c’est nous. La réaction des locaux est diverses…. certains nous regarde perplexes, d’autres avec curiosité, d’autres nous saluent et même une jeune dame a fait un bout de chemin avec nous pour pratiquer son anglais!

Autre mission accomplie, nous voulions fuir la chaleur torride du Cambodge pour ce temps de l’année, et bien dans cette région montagneeuses le soir c’est même un peu frisquet!

En arrivant ici, par rapport au Cambodge, on sent et on voit que c’est un pays beaucoup plus développé. Il y a des lignes sur les routes, même un fossé avec canalisations, de la signalisation, le port du casque à moto fait majorité, et surtout, c’est propre, pratiquement pas de détritus sur la route ou dans la ville. Il y a de la machinerie, tout n’est pas fait uniquement qu’à la main, à la pelle. Bref, ce qu’on prend pour acquis sans même y penser dans nos pays développés, ce qui manquait malheureusement au Cambodge auquel je me suis habitué après quelques semaines et qui était devenu « normal ». Ce qui fait qu’en arrivant au Vietnam, j’ai vraiment eu l’impression d’arriver dans un pays riche! Si avec le Cambodge j’avais fait un saut d’une centaine d’années en arrière, ici j’ai refait le saut en avant en passant la frontière, je me sens revenu à mon époque. Évidemment si vous arrivez d’un pays comme le Canada ou la France, le Vietnam ne vous apparaitra pas comme un pays riche. C’est quand même fascinant de constater que tout cela est bien relatif, et que le véritable bonheur de ses habitants n’est pas rattaché à ses allures plus ou moins riches… mais cela, ça fera partie d’une autres séries d’articles que je me promet d’écrire sur mes réflexions et constatations que ce voyage me permet de faire.

Alors voilà, l’aventure vietnamienne est bel et bien commencée!


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